Article dans Le Parisien

  • Le 25/10/2020

A Epinay-sur-Orge, l’hôpital psychiatrique cherche sa nouvelle identité

L’association les Amis de Vaucluse souhaitent ouvrir une maison du patrimoine et un musée de la psychiatrie à la place du centre hospitalier spécialisé dans la santé mentale qui ferme petit à petit.

 

 Epinay-sur-Orge, vendredi 25 octobre 2019. Ce château, construit en 1743, a longtemps été occupé par les directeurs de l’hôpital.

Il connaît le site - 98 ha ! - comme sa poche. Et peut animer une soirée entière juste sur les anecdotes. Des histoires de vie qu'il ne veut pas voir tomber dans l'oubli. Alors que le centre hospitalier spécialisé dans la santé mentale de Perray-Vaucluse, situé principalement à cheval sur les communes de Sainte-Geneviève-des-Bois et d'Epinay-sur-Orge, ferme petit à petit, Patrick Hottot fourmille de projets pour sauvegarder ce patrimoine unique en son genre. Avec l'association Les amis de Vaucluse, qu'il préside, il vient de présenter à la direction du Groupe hospitalier universitaire (GHU) de psychiatrie & neurosciences, propriétaire du domaine, ses idées de reconversion : rouvrir la maison du patrimoine et créer un musée de la psychiatrie.

« Ce site fait partie de notre histoire, nous devons le sauvegarder », martèle celui qui a travaillé durant 41 ans sur place, d'abord dans les cuisines puis en tant que syndicaliste. « La maison du patrimoine [NDLR : ouverte en décembre 2017 sur place] a fermé en juillet dernier, personne ne voulait plus s'en occuper, déplore-t-il. Toutes les archives et les objets d'époque ont été mis de côté. »

Des archives qui permettent de replonger dans un autre temps. Il y a 150 ans, le domaine de la Gilquinière, plus communément appelé « de Vaucluse » est transformé en asile. Le but de Napoléon III est d'accueillir les parisiens hors de la capitale mais facilement accessible. Six cents patients sont accueillis. « Quatre cents autres lits seront ajoutés par la suite, raconte Patrick Hottot. Il y avait du monde partout. »

Le bâtiment, situé le long de la route de Longpont pourrait accueillir la nouvelle maison du patrimoine de Perray-Vaucluse./LP/Nolwenn Cosson

Le bâtiment, situé le long de la route de Longpont pourrait accueillir la nouvelle maison du patrimoine de Perray-Vaucluse./LP/Nolwenn Cosson  

L'ancien château transformé en musée de la psychiatrie

En 1876, une « colonie d'enfants », d'une centaine de places, est installée. C'est une première. Sur place, les jeunes considérés comme arriérés, idiots - un terme qui à l'époque n'est pas péjoratif - ou atteints d'autisme y sont internés. Des locaux de près de 150 m2, situés le long de la route de Longpont, aujourd'hui quasiment inoccupés, qui pourraient accueillir la nouvelle maison du patrimoine. « Elle serait idéalement située car un portail, déjà existant, nous permettait d'accueillir le public sans leur faire traverser le domaine. Il ne risquerait pas ainsi de perturber les patients encore sur place, indique-t-il. Il faudrait juste installer des barrières le long du trottoir pour sécuriser l'accès. »

Le musée de la psychiatrie pourrait, lui, ouvrir ses portes dans l'ancien château du domaine. Construit en 1743, il a longtemps accueilli les directeurs de Perray-Vaucluse. Depuis 1993 il est vide de tout occupant. « Il se délabre à vitesse grand V, peste Patrick Hottot. Il a déjà été vandalisé. Lorsque quelqu'un y mettra le feu, ce sera trop tard pour le protéger. Créer ce musée permettrait de le réhabiliter mais aussi de faire découvrir le monde de la psychiatrie. Il en existe déjà un petit à Sainte-Anne [NDLR : Paris XIVe] et un autre à Ville-Evrard, à Neuilly-sur-Marne [NDLR : Seine-Saint-Denis]. On pourrait tout rassembler ici, on a de la place. Et ici on a conservé énormément d'objets de l'époque. On pourrait vraiment reconstituer comment c'était autrefois. »

Des propositions que la direction du GHU assure vouloir étudier. Et qui séduisent la ville d'Epinay-sur-Orge. « Nous devons tous travailler ensemble pour la sauvegarde de ce patrimoine, assure Véronique François, maire (LR) depuis deux ans de la commune. Après nous ne sommes pas propriétaires du site mais nous souhaitons travailler main dans la main avec la direction.

Par Nolwenn Cosson